22 juin 2005

de soldes, de sandales et de sueur

Raz de marée de sandales et de sueur, tsunami de grands brûlés sur les pelouses des jardins, pour la fête de la musique estrades à rastas partout, dans la rue, et le téléphone qui ne sonne jamais à la maison mais il parait que c’est normal, que c’est juste qu’on est vieux. Au fond de l’impasse, d’une voix comme s’élevant d’une salle de réveil post-opératoire, une fille brune du Maine et Loire tente avec trois lycéens un Marley sans aucun sens du rythme, un "Redemption Song" d’après coma qui touche aussi juste qu’elle elle chante faux, et c’est dire, un truc périlleux et magique qui donne envie de re-rater son bac, juste une fois. Jamais vu autant de monde sur nos pentes, sound-systems pour hip-hoppers blancs friqués des Abbesses, relents d’aisselles technoïdes devant des bars à deejays toutes bières dans la rue, mais le plus beau, un raï étincelant, scintillant dans les fumées de merguez au Marché de la Butte, sur la petite place devant la rue Androuet, comme un quatorze juillet déplacé entre l'Alfama et Tanger. En rentrant sur FR3, un chanteur occitan à faire peur devant une salle daxoise si pleine de bérets que l’inquiétude me gagne, et chez nous les étagères qui se vident peu à peu jusqu’à en devenir inutiles, disques et livres qu’on retrouvera chez les marchands d’occasion, parce qu’on en est à vendre tout, C. et moi, un peu chaque jour.