16 juin 2005

il s'appelle Mario

Le rêve que j'aurais pu faire cette nuit : je me réveille face à mon banquier, il me tend des documents, je les regarde sans comprendre, ce sont des analyses de sang, plus tard des infirmières entrent en chuchotant, elles disent que je suis interdit de découvert. Un rêve qui aurait été de la faute de ma soirée d'hier. Soirée amère à manger des gâteaux au soja, passée sans que j'arrive à digérer l'ail des crevettes sautées, devant une émission littéraire que je ne comprends pas et ma barbe qui est beaucoup trop longue, ce matin je la rase debout dans le couloir et je regarde les poils tomber sur la moquette. A la radio cette nouvelle terrifiante, la veuve Mitterrand contrainte - par la misère, sans doute ? - à mettre aux enchères dans une vulgaire salle des ventes les plus belles bouteilles qui formaient la cave de son célèbre mangeur d'ortolans, déjà qu'elle me faisait peur avant, alors je ne sais pas ce que nous allons devenir, maintenant qu'elle n'a plus rien à boire , peur que ne refleurisse l'attirail flétri des grimaces de sa douloureuse bien-pensance pro-castriste, peur de cette vieille femme qui dit non, entre deux vacances au Chiapas. Il y a des matins comme çà où je donnerais pas cher de notre peau, surtout quand j'ai rendez vous avec mon conseiller clientèle, comme ils appellent ça à la banque, et le mien s'appelle Mario. Pour oublier, pendant que Mario me parle de mon découvert, fermer les yeux, essayer de se concentrer sur cette image entraperçue au vingt heures l'autre jour, ce beau taxi bleu amphibie plein de réfugiés cubains perdus en mer, un taxi Mercury de 1949, cette vieille caisse triste, devenue par hasard une embarcation quatorze places, la plus belle jamais arrivée en vue des côtes de Floride.