14 juin 2005

le harem intérieur

Au moment de souffler les bougies sur le gâteau, éjaculat psychique en forme de petite commémoration, harem mental instantané fait des polaroïds rescapés de mon cerveau en train de fondre, petites balises encore colorées qui dessinent au sol comme à la craie blanche le terrain de jeu improvisé de ma polygamie intérieure : Toss qui fait l'idiot tout nu dans la salle de bain en train de se brosser les dents et de jouer avec ses couilles qui pendent - La Mésange, défoncé au shit, en slip rouge sous sa parka, en train de jouer de la guitare dans sa chambre de bonne assis sur son petit ampli d'appartement - Le Prince des Asturies, monté à la nouvelle capitale des Gaules pour un concours canin, enfermé dans sa chambre d'hotel à Louis Blanc avec ses dix minuscules chiennes permanentées de papier alu qui pissent partout dans l'entrée - L'éléphanteau de Mantoue, qui à l'heure de mon départ, s'achète pour sa fin de soirée plein de petits gateaux à la crème dans une pasticceria de Milan pour les manger après, quand mon train sera parti - et puis C., l'été en Corse, qui essaie pour la première fois de conduire un scooter, manque de m'écraser et de finir à l'étang. Images prisonnières et qui le resteront, pour beaucoup plus longtemps que ne le sera jamais aucun otage roumain d'Irak, et qui parfois ne peuvent prendre l'air qu'à l'occasion d'un gâteau, ou bien d'une odeur trop forte de troène en fleur, comme là, ce soir, en bas de l'immeuble.