05 juin 2005

frate lupo sì si morì (animalia)

Certains jours, on rêve d’être ailleurs. En ouvrant le journal, voilà: à peine le loup réapparu en France on s’empresse d’accorder des autorisations de tirs aux bergers, et dans le Nord de l’Italie on retrouve des loups pendus à des panneaux signalétiques en bord de route.
Ces jours là on voudrait retrouver un arrière-pays, loin de cette terre d’éleveurs, de facteurs et de factrices, unis au fond pour faire disparaître la peur du loup, pour nous faire oublier de force ce combat d’enfance et de terreur, cette expérience de la forêt et de la nuit. Envie de chanter « Où sont les pâtres ? » parce que c’est à désespérer de trouver un ailleurs à ce pays ou des pâtres indemnisés sont devenus tout à la fois la meute et le troupeau. C’est une part de nous qui rêve d’un refuge : peut être l’Italie encore mais plus au Sud, à Rome peut-être, à Rome les loups traversent le périphérique, il y en a un le pauvre il s’est même fait écraser aveuglé par les phares. Aller plus loin encore, trouver une cachette, là où on nous laisserait chérir nos peurs, partager le soir avec les loups, et pourquoi pas, tant qu’on y est, jouer aussi du flûtiau: montagnes des Abruzzes, grottes lucanes, rochers de Calabre. Pour oublier, on peut ressortir d’un vieux tiroir les Fioretti de Saint François ou continuer à lire le journal, poésie de la grippe aviaire : en chine un millier d’oies sauvages contaminées par le virus, je dis à C. c’est très beau la grippe aviaire, un millier d’oies sauvages, dit comme ça, la grippe aviaire, on aimerait presque l’attraper.

" Finalmente dopo due anni frate lupo sì si morì di vecchiaia, di che li cittadini molto si dolsono, imperò che veggendolo andare cosi mansueto per la città, si raccordavano meglio della virtù e santità di santo Francesco. " Fioretti, XXI