27 juin 2005

aux champignons

Il paraît pourtant que c’est jour de fierté, ça ne je sais pas mais pour moi en tout cas c’est jour d’arrosage : face au D., je téléphone de sous un balcon, heure de l’happy hour, et je reçois sur la tête l’eau d’un géranium, bouts de feuilles mouillées et terreau mêlés, pluie brusque tombée d’un seau, cette eau balancée sur des pots de fleur, à l’étage, comme on secoue la nappe ou on jette un mégot, d’une fenêtre. Cette année encore on n’aura pas participé au marathon, on était trop occupés à faire la queue pour vendre des livres aux frères Gibert, Jeune et Joseph : comme dit l’autre c’est quand même bizarre, Jeune, comme prénom. Boulevard Saint-Michel, malgré tout, on a vu les badauds qui attendaient que toute cette fierté passe, ça m’a rappelé mes vacances enfant en Normandie, quand le cirque arrivait, le monde qui se pressait pour les voir défiler en ville, Serge le lama et tous les autres animaux de la ménagerie.

Encore un peu trempé je prends un deuxième apéro chez O. qui m’a ramené des champignons séchés de son voyage en Italie, il parait que je lui en avais demandé, c’est sur je devais avoir encore trop bu, cette fois là. Toute la soirée je me promène avec mon petit pochon de champignons séchés, et c’est, à travers Paris, ma petite mushroom pride à moi, involontaire et empotée. En passant passage du Prado, R. fait des photos du salon de thé Volonté. On va dîner indien avec R., il y a P. et sa copine venue exprès de ses montagnes, elle est revenue enthousiaste du défilé et puis voilà tout à coup elle demande ça veut dire quoi exactement trans-genres on la sent si tracassée, comme on sait pas quoi lui répondre on en est bien embarrassés : et si on faisait encore une photo, tiens, toi, mets-toi là, pour meubler. Plus tard elle dit oh que c’est bon, elle dit j’ai jamais mangé indien j’aurais jamais imaginé, mais chez Pooja ils se sont mis aux techniques de marketing les plus évoluées, au dessert avant l’addition on doit remplir des questionnaires de satisfaction, on se croirait dans le TGV et même les prix ont augmenté. Plus tard de retour au vestiaire du D., je leur dis vous voulez bien garder mes champignons, ça risque de me gêner un peu, si jamais je bois assez pour danser, et d’ailleurs, vous voyez bien, ça y est, je danse déjà : S. est de bonne humeur et paie sa tournée, je pense oui continuez, continuez au fût à m'offrir des bières, parce que cette nuit elle coule si fraîche. Quand je vais prendre l'air je lève la tête, le ciel est plein des ballons de la terrasse qui se sont envolés, je crois que ça va être l’heure d’y aller.