04 juin 2005

ménage de fruits rouges

Prendre les livres qui te tombent dans les mains en faisant la poussière des étagères, les ouvrir au hasard, ce que j’appelle « lire à la ménagère », et la littérature ce matin est pleine de cerises : au hasard des pages de Supervielle il y a ces cerisiers marins au fond de cette histoire de sirène rencontrée par l’homme de la pampa, et, dans une nouvelle de Fenoglio, ces cerises à peine cueillies mangées en dessert après un repas de chocolat suisse sur une colline du Piémont. En faisant le ménage dans sa bibliothèque, se confectionner un chapelet de fruits rouges : petit jus violet. Les jours de chance, on peut s’établir un chiffon à la main une de ces règles absurdes et vraies, au moins pour un matin, comme celle qui veut que les livres et les films ne soient fait que d’histoire de fantômes qui perdent du sang entre des draps ou bien de fruits d’été, bons à tacher une chemise.