08 juillet 2005

schtroumpfs à genoux ( London's calling)

« The ice age is coming, the sun is zooming in … »

Au milieu des carcasses caramel de nos double-decker buses et de nos trains madrilènes, l’Europe bientôt égorgée à genoux sous un tapis de bombes, le métro qui brûle d’Aldgate à King’s Cross, et de notre côté du Channel, toujours ces vieilles populations latines empressées de se rendre, prêtes à tendre gorge, feignant de se faire un abri, un bouclier honteux de leurs superstitions pacifistes, qu’aucun des cauchemars faits dans le siècle n’aura jamais suffi à ébranler. Mon frère au téléphone, descendu ce matin à la station de Liverpool Street une heure avant les bombes, qui n’a rien vu rien entendu des sirènes et des cris, mais quelque chose, dans la voix, de perdu : ses mots qui cherchent à tâtons la sortie, dans le noir.

A la télé, aéroports et gares de France, ces images à en rire d’un pauvre plan vigipirate virant, attention, de l’orange au rouge, quelques types déguisés en policiers, trois petits soldats s’emmerdant sur un quai Gare du Nord, mitraillettes en plastique, berger allemand jouant au caniche, pistolets en chocolat, et tous ces portiques de détection, qui ne sonnent que pour vos pièces jaunes. Je me console en me disant qu’on n’a pas eu les Jeux, que peut-être ça freinera cette folle ambition de notre bon maire, transformer définitivement Paris en village des schtroumpfs, cette vieille tendance tous à Bercy Village et nos enfants à la crèche. Ensuite la nuit est lourde, trop de pâtes au dîner, et ce matin, en passant devant une pharmacie, publicité de cosmétiques pour hommes et mon reflet dans la vitrine, mes vieux cernes et mes rides : des poches, sous les yeux.