18 août 2005

Beau comme Fuck

Toi qui reviens d’une année blanche, reprends ton souffle, ne t’agite pas en vain : pause estivale à compter les cigarettes qui te restent dans le paquet, les pas qui te séparent du dehors, les journées d’août qui passent au dessus du mur, une par une comme des îles. Il y a aussi - mais ça prend du temps à compter - les arbres du cimetière d’en face, les seuls qui puissent, en buvant un peu, te tenir lieu de pins maritimes, avec, faute de vents, tes sempiternels morceaux de musique grecque sur ITunes, à faire se lever le Meltemi. Tu as fait la moitié du chemin depuis une bulle épaisse, tu n’es plus séparé du monde que par une pellicule encore, un simple film plastique, du givre en été qui finira par fondre au rythme des bouteilles de rosé. A chaque bout du fil le bruit du tire-bouchon, le soir P. m’appelle de Tielt avec Skype, on boit du vin, sa voix sort encore chaude des baffles de l’ordinateur et se répand dans le salon, j’aime quand il pleure de fatigue mais qu’il reste encore, il n’en peut plus de travail, moi je n’en peux plus de ne rien faire, de regarder la page blanche, sur l’écran. S.3 m’a dit l’autre soir au D. que mon dernier post était à chier et je sais qu’il a raison, pour me consoler ce soir-là il a fini par me donner son badge, c’est un tellement beau slogan pour l’été, c’est un petit badge orange, dessus c’est écrit, un peu gribouillé, ce programme beau à chialer: « Fuck Forever », en deux mots seulement. Et putain que j'aime ça.