15 juillet 2005

illuminés (pompiers moches)

Pompiers si moches à la caserne de la rue du Jour qu'on y fait long feu, marche interminable le long des quais de Seine à la recherche d'un bal qui n'existe plus et dont jusqu'à la gloire est éteinte, mais R. voudrait tellement y croire encore qu'on en a presque les pieds en sang, et Jojo qui s'arrête tous les dix mètres pour pisser, à chaque réverbère. On finit par faire la queue devant Sévigné, derrière un cordon, face aux deux plus belles roulottes à pizza jamais vues, au milieu des baraques à frites : illumination de petites ampoules, bouteilles de kro vides, au caniveau. A l'intérieur, au milieu des grands arbres et des tubes de Noir Désir que je ne connais pas, ce gros type au coude relevé en permanence derrière la tête, mon Olympia à moi, dodue et debout : oui vas y caresse-toi les cheveux, encore, jusqu'au bout de la nuit. Il y a aussi deux pédés en micro-chaussettes, Jojo a une touche avec le plus drôle et le plus joli, celui qui vient sous notre nez, faire la danse du ventre, mais Jojo n'a d'yeux que pour la mésange, ma mésange qui a bien vieilli. Les pompiers ici sont tellement plus beaux, on en croirait reconnaître le débardeur beige de ce matin, celui qui lisait Robert Antelme, dans le 75, L'espèce humaine. Et comme disent les Roger, dans la vie, en fait, il y a pompiers et pompiers : l'Italie est trop loin, les vertiges me passent un peu, la 33 export est fraîche, on voudrait rester, ne plus jamais devoir prendre un noctambus.