20 juillet 2005

Dong Dong (1)

Etincelles d’un feu d’artifice à couper le souffle, tiré d’un endroit d’où personne ne peut le voir de nulle part, goût du kebab avarié jeté à la poubelle après une demi-bouchée, et cette série télé pleine de cercueils et de croques-morts que je n’avais plus réussi à regarder depuis mon père (parvenir enfin à me souvenir de ce soir là sans changer de chaîne : il appelle, et la télévision qui organise des funérailles de fiction dans le salon pendant qu’il fait son malaise à côté, dans la chambre, six pieds sous terre). Quand le feuilleton est terminé, on éteint les lumières et on va se coucher, abrutis de sommeil, vaincus par le bruit des pétards, pleins de l'odeur des frites. Mais c’est le quatorze juillet, et alors même qu’avec C. tout sombre, après qu’on ait éteint la lumière, voilà qu’arrive la trique des naufragés, dernier rodéo nocturne, un truc de somnambules surdoués, de hardeurs au bois dormant, larmes de plaisir arrachées à nos yeux secs, nos cerveaux arides, nos corps absents. Faire l’amour quand on coule, prendre son temps avant de jouir, le temps de réussir à y croire : faire l’un à l’intérieur de l’autre, bien à fond, le rêve qu’on pourrait tout recommencer.