17 février 2009

Tout poil apparent.

Rue du Faubourg Poissonnière samedi dernier c'est la Saint Valentin.
On se croirait dans une fête de commerciaux trans-genres de chez Haribo, mais trans-du-genre qui s'arrosent de Chardonnay Bubble pour mieux finir par se saccager au Brouilly. Fausses blondes SM instantanées, agitant leurs chevelures de vinyle et leurs martinets plastiques, fouettant l'air saturé ou le cul de danseurs égarés, petites rousses de cirque échappées d'un « La Strada » LGBT qui s'affairent sur le sofa autour d'un Meat Loaf en guêpière, et dans la cuisine, un ange en escarpins qu'on dirait revenu d'un concert de Judas Priest, ses ailes de coton immaculées, sa perruque noire de hard-rockeux d'un soir, ses collants tout poil apparent. Tout ça s'achève vautrés de vins, secoués de hoquets et de fou-rires, rétamés sur le parquet filles et garçons mélangés, et j'aimerais bien qu'ils soient tous mes amis, enfin dans un monde où on serait tous trans-genres ou dans un autre où on travaillerait tous chez Haribo. Mais bon voilà , j'ai beau chanter les psaumes et vouloir croire en un monde qui vient, ni l'un ni l'autre ne risque d'être pour demain, parce que AFP, Reuters ou France Info, tous veillent à nous ôter toute espérance : au Festival de San Remo on chantera cette année des refrains racontant des « pédés guéris », ce mois-ci Lux Interior est mort et Ivy est seule, L'Eldorado est fermé depuis longtemps et dans la banlieue de Paris une manufacture de pianos est en cendres, à Hong-Kong on est en train de fabriquer les premiers Porno en 3D tandis qu'à Amsterdam les bordels n'ont jamais aussi bien vendu leurs bulgares hétéros et leurs tout jeunes roumains. J'ai le foie malade, je dois manquer d'eau, je crois que je n'entends plus très bien - peut être que je devrais passer un de ces nouveaux tests auditifs par téléphone pour voir si c'est grave, ou bien ?-, quand P. vient on boit parfois tellement qu'on en a du mal à faire l'amour une seule fois du week-end, et ne plus jamais revoir C. retranché dans son exil burgonde me rend triste à crever. Et puis la nuit je n'ai même plus besoin de mes cauchemars, l'ombre gagne et l'emprise des nains psychopathes au pouvoir s'étend sur l'Europe, ça fait bientôt deux ans que la France a le sien, et en plus petit qu'en Italie, y en a qui doivent penser que ça fait plus joli. Dans mes rêves je flotte au large, à la surface de l'eau, et je suis repêché par ces pirates somaliens du golfe d'Aden, j'essaie de leur expliquer qu'ils feraient mieux pour tout le monde de kidnapper Sarkozy mais y a rien à faire, je parle pas somali.