22 mai 2005

Tant d'hommes (et quelques femmes au fond de moi)

Hier soirée Hotbears à Lamarck. Et en fait pas tant d’hommes que ça. Et d’ailleurs très peu de tout, très peu de musique, très peu de parkas d’éboueurs, Ground zero de la soirée pédé, fête de patronage passablement velue, touchant au sublime dans son caractère involontairement conceptuel et innocemment grotesque. Un truc énorme, situationniste et poilu. Dans un coin il y a même un stand ou un mec vend des accessoires en cuirs, ça fait stand de gitans sur une plage de la Costa Blanca. Mais surtout au beau milieu de tout ce truc vu encore nulle part, il y a un palmier ELECTRIQUE.



N. et moi passons une soirée géniale, surtout quand on a plus un rond et qu’on se met à ramasser des pièces de dix centimes trouvées par terre sur le dancefloor comme deux pauvresses et que déjà bien cuits on essaie de se faire payer des bières par qui voudra bien. S. au bar s’amuse à oublier mon prénom, « salut Thierry », mais moi franchement, pour une bière je m’appelle comme vous voulez, et ce soir, pour une bière, je suis même prêt à m’appeler Thierry. On a bu plein, très vite on sait plus trop qui nous a payé quoi, mais on se rappelle très bien qui ne nous a rien payé encore : le belge inconnu zéro bière, la modern baleine zéro bière. On dirait que la modern baleine a peur de moi, dès que j’entre dans une salle elle en sort, mais moi je la regarde et elle me touche, je l’aime bien, il parait qu’elle est très moche, c’est ce que dit N. et je le crois volontiers, mais depuis quand ça m’empêcherait de vouloir lui rouler des pelles. Mais ça finit par être la fin, ils ont même éteint le palmier et les gitans ont fermé boutique. Pas de pelles donc ce soir, mais je rentre avec N. par la rue Caulaincourt et le jour se lève, il y a une lumière à pleurer, je marche avec N. main dans la main comme il y a tant d’années, déjà qu’on marche pas bien droit et qu’on s’arrête tous les trois mètres pour faire des photos sous-exposées du matin sur les maisons et les échafaudages, on voit le pont du cimetière au bout : N. continue par la place de Clichy et moi je tourne à gauche. Je rentre chez moi. Je sais que je vais me faire des pâtes au thon.