27 octobre 2007

I need a mars bar ( to help me through the day)

L’automne, le vrai, le soleil gelé, les marrons chauds, le froid place de la Sorbonne, un chocolat chaud un samedi après-midi avec N. et ces portraits de laids et de fous, ces tableaux juifs russes de lapins morts comme sur la glace et de volailles écorchées pendues sur des murs de briques rouges sang, et puis dans la rue les garçons qui ont ressorti leurs parkas d’éboueurs et mettent leurs bonnets en crochet pour aller acheter leur papier à rouler rizla et leurs paquets d’Amsterdamer. Rue de Rivoli la tour Saint Jacques à moitié décalottée, pointant hors de son préservatif blanc ses gargouilles de bouchers, petit bareback architectural, relapse gothique dans le ciel de Paris. Comme chaque automne les souvenirs défilent, le maïs grillé acheté sur le réchaud, l’église où on s’était réfugié de la pluie, le visage de tel ou tel qu’on ne reverra plus, les palais qu’on a visités ou les tombes qu’on a fleuries.

Là bas la Californie en flammes, ici la température qui baisse, loin sur son île cette femme corse qui se bat seule contre le labo qui continue d’abreuver le marché de l’anti-psychotique qui l’a rendue obèse. Au même moment ce salaud d’Attali et sa commission proposant sans rire d’effacer de la Constitution, comme en toutes choses, le principe de précaution, libérer l’industrie paraît-il, mieux nous livrer crus au monstre oui, afin que nous nous laissions dévorer sans cris. Cette nuit je rentre et m’endors pour la nuit sur le canapé, la télé allumée, que je retrouve au matin, et mes maux de tête : l’autre soir encore je me suis fait une cicatrice, au vernissage de Pierre, le béton d’une mezzanine, de plein fouet, sur le front.

07 octobre 2007

Les Boules à Lorenzo.

C’est Nuit Blanche, ce soir, mais moi la mienne je l’avais déjà trop fait la veille, c’est qu’à quatre heures du matin au D. il y en avaient tellement pour parler de ballons d’eau chaude, d’infiltrations d’eau et de prix des terrains que c’en était vraiment plus possible, que j’ai du m’en rajouter une de bière, puis une autre, qu’au bar j’avais des fourmis dans les pieds et que j’aimais tellement bien parler avec ce petit costumier breton qui m’a déchaussé pour me frotter de glaçons, entre le talon et le gros orteil, pour me les faire passer, mes fourmis j’entends, puis il m’a refait mes lacets et moi j’étais Peau d’âne ou Cendrillon.

Ce samedi quand même, malgré mon foie mourrant, spectacle de feu aux Tuileries avec le fleuri qui prend des photos des braseros, et dans la grande allée, tout du long, ces grosses boules de feu dans des pots de terre, ça s’appelle, c’est ce qu’ils marquent dans le journal, les « boules à Lorenzo ». On traîne de feu en feu entre les machineries de flammes et de braise sans trouver Lorenzo, c’est pas faute de le vouloir mais tant pis, ça sera pour un autre soir peut être, par une nuit plus obscure et dans les bosquets. Alors, au milieu de la foule, on fait notre chemin entre les flammèches et les escarbilles, et c’est pas que je sois rassuré, c’est mon blouson en nylon, la peur de me retrouver en moins de deux torche vivante involontaire, improvisé bonze birman. Apres nos nouilles porc-calamars, on redescend la rue Sainte-Anne, et à l’intérieur de Saint-Roch, s’échappant des baffles, une voix qui enfle, cette voix de femme qui s’abandonne au pied de l’autel, pietà néo-réaliste électrisée de chants corses et sicules, tandis que dehors ces cortèges de voitures qui klaxonnent et de crétins qui hurlent en passant en moto, c’est que la France a gagné ils disent, et c’est bien dommage, si elle avait perdu, ils nous auraient fait moins chier. Plus tard, en me retrouvant seul, au milieu de ces gens en groupes d’amis et de ces couples en grappes, au moment de descendre dans le métro, les miennes de boules, dans la gorge, la solitude qui remonte, à la nausée.